Vendanges 2000
C'est encore une année de « montagnes russes », aux conditions climatiques souvent difficiles, parfois même anormales, qu'ont connu les vignerons et leurs vignes en 2000 :
- Fin d'hiver très douce ; belle et précoce sortie de raisins.
- Un mois de juin aux chaleurs estivales qui ressemblait plutôt à un mois d'août... résultat : une floraison rapide et complète, sans aucune coulure ; la récolte s'annonce déjà très importante, notamment dans les vignes jeunes (les vieilles vignes, qui sont la majorité chez nous, portent, elles, une récolte raisonnable) ; surtout, le cycle végétatif de la vigne prend beaucoup d'avance et les travaux de saison doivent être effectués à un rythme anormalement soutenu.
- Malgré les conditions humides, la véraison débute fin juillet (très précoce donc) et nous faisons une intervention d'éclaircissage sur les jeunes vignes qui se révélera cruciale : sans la décharge de raisins ainsi opérée, ces vignes n'auraient jamais été capables de mûrir l'importante récolte naturelle.
- Juillet et août sont carrément froids ; on voit perdurer des températures dignes de mars ; beaucoup de pluie, des orages. Une bonne partie de l'avance prise par le cycle végétatif de la vigne est perdue, mais l'on reste cependant plus précoce encore que l'an dernier. Le botrytis commence à s'installer.
- Heureusement la chaleur revient à partir du 20 août et la vigueur de la vigne, entretenue par l'humidité qui a précédé, permet un mûrissement rapide. On gagne plus d'un degré par semaine et quand nous attaquons les vendanges le 14 septembre, les moûts récoltés sont à plus de 13° et le botrytis est stoppé.
- Les vendanges s'effectuent par très beau temps ; elles se terminent le 22 septembre pour les vins rouges (durée 9 jours). Nous attendons le maximum pour le Montrachet qui a mûri un peu plus tardivement et qui est vendangé le 25 septembre.
La présence assez importante de botrytis a nécessité un tri minutieux, dans la vigne tout d'abord où nos vendangeurs, sous l'étroite surveillance du personnel du Domaine, ont fait un travail de « haute-couture », puis à la table de tri en cuverie où seuls les raisins parfaits, complètement sains et mûrs, ont été acheminés dans les cuves. Le reste a été rejeté.
Nos rendements après tris sont à peu près équivalents à ceux de 1999 et vont de 28 à 32hl/ha.
En conclusion, comme on le voit, les conditions climatiques n'ont pas été celles qui accompagnent normalement les très grandes années, mais grâce au travail réalisé en direction de l'équilibre des sols, de la finesse du matériel végétal et du maintien des vieilles vignes, on a pu créer un « front de résistance » tant aux attaques d'un climat inamical qu'aux velléités de surproduction de la vigne et celle-ci, à condition de porter une charge suffisamment réduite, a « tiré son épingle du jeu » et à même connu, grâce à la précocité du cycle végétatif, un mûrissement exceptionnel : rares en effet sont les années où l'on atteint de tels taux de sucre tout en conservant une acidité, certes plutôt basse, mais raisonnable.
2000 est, comme on dit en Bourgogne, une « année de vigneron » qui, contrairement à 1999 plutôt indulgente avec les rendements excessifs, soumettra ceux-ci à la dure loi de la médiocrité ; mais elle pourra aussi conduire au paradis, c'est-à-dire au niveau des meilleurs millésimes, les vins qui seront restés en deçà des seuils de récolte qu'il ne fallait en aucun cas dépasser cette année.
Il est tout à fait impossible aujourd'hui, juste après décuvage et avant les malo-lactiques, d'émettre un jugement fiable sur la qualité du millésime.
On peut dire pour l'instant que ce seront des vins bien colorés, plutôt souples et harmonieux, d'une grande pureté de « grain », qui devraient mettre en évidence toutes les qualités de finesse, plutôt que de puissance, de leurs différents terroirs. On pense peut-être à 1995, mais encore une fois, il est important de ...« wait and see » !